Alexandre nous donne sa vision de la pêche de nuit et surtout comment il tente d'obtenir les meilleurs résultats possibles...

En France, la pêche de nuit est autorisée dans la seule condition de pratiquer la pêche de la carpe ! Nous avons donc ce privilège, de pouvoir pêcher notre poisson préféré, de jour comme de nuit….Sans raison toujours évidente, certains lieux se veulent nettement plus prolifiques de nuit, il est donc primordial de garder la même application que la journée. Voici selon moi, différents points clés pour réaliser une bonne partie de pêche la nuit : 

1) L’organisation pour pêcher la nuit

Quand l’obscurité arrive, tout change ; nous perdons notre orientation, nos repères, c’est pourquoi nous devons être encore plus organisé et rigoureux.

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De jour, nous aimons que le poste soit « en piste » avec le bon matériel au bon endroit, mais de nuit cela devient primordial. Il n’est pas question d’avoir à chercher une épuisette lorsque le poisson arrive, de courir après un peson, de laisser du matériel trainer sur le poste... chaque chose doit être à sa place, c’est indispensable !

Pour ma part, j’aime garder de l’espace entre mon Tempest et mes cannes. Il n’y a rien de pire que d’être encombré d’une canne de 3.60m ou 3.90m et de taper les obstacles autour de soi et je ne vous parle pas des lancés ; si à chaque spomb ou chaque lancé il faut penser à son abri derrière, cela devient prise de tête ! Et il n’y a rien de pire que de déchirer une toile parce que l'hameçon s’est pris dedans.

Concernant les cannes :

Très souvent, nous avons autant de cannes de pêche que de cannes annexes. De mon côté, j’ai 3 cannes en action de pêche, 1 canne de pêche prête et montée, 2 cannes à spomb et une canne à sonder. Il n’est pas question d’abîmer ou de casser du matériel, les cannes annexes doivent être rangées sur un côté du poste, tout en restant prêtes à faire FEU !

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Les caisses et seaux :

J’ai toujours un « coin seaux » où tout est rassemblé ensemble ; c’est à cet endroit que je fais mes préparations d’amorçage et que je stocke mes appâts. Les caisses, notamment les « aqua staxx » sont de véritables bêtes de rangement. Elles sont étanches, empilables et restent par conséquent dehors. Je place dedans tous mes pots de wafters, pop-ups, boosters, mais également les spombs et autres accessoires.

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Dans le bivvy :

Chaque chose doit avoir sa place, je suis organisé avec 3 sacs :

- Un pour les vêtements, à l’arrière du bivvy en cas de pluie la nuit ou de coup de froid, tout doit être à disposition.

- Un sac pour les repas : les conditions climatiques peuvent être difficiles, la pêche peut être difficile ou physique, il est important de manger, et faire le plein d’énergie pour garder le moral et la forme.

- Un sac de pêche : mon carryall, dans lequel chaque chose est à sa place, pour facilement faire un montage, une tête de ligne,….

 

La pêche de nuit ça se prépare !

La nuit il n’est pas question de perdre du temps par manque de préparation. Pour cela, j’aime avoir toujours plusieurs bas de lignes prêts. Si les touches s’enchainent, on peut rapidement utiliser une dizaine de montages. La nuit, il y a autre chose à faire que de devoir refaire des bas de lignes…En plus de cela, je prépare toujours 2-3 bas de lignes eschés et prêts à être attachés et lancés avec le petit stick qui va bien. Qu’est-ce que c’est désagréable de devoir faire des solubles la nuit avec les mains humides et froides. Je prépare toujours 20 à 50 sticks d’avance que je garde au sec, sous abris. De même pour les sacs solubles, j’aime avoir plusieurs sacs de prêt où je n’ai plus que le nœud de raccord à réaliser.

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2)  L’équipement pour la pêche de nuit

La pêche de nuit demande un équipement spécifique. Outre bien sûr nos fameux détecteurs, je pense aux appareils d’éclairage.

a) La frontale :

J’aime avoir une frontale digne de ce nom, en d’autres termes : « qui éclaire ! ». Il n’y a rien de plus dérangeant qu’une lampe qui n’éclaire pas. Soit vous possédez une frontale rechargeable et dans ce cas, il est primordial de la mettre en charge la journée. Soit vous possédez une frontale à piles, nécessitant alors un stock de secours.
J’aime avoir une frontale petite, légère et maniable car je la garde autour du cou toute la nuit.

b) La lampe magnétique :

Cette lampe magnétique CAP RIVER prend place au plafond de mon bivvy, ainsi un éclairage par le haut permet d’optimiser la lumière. Sa puissance de 100 lumens et son autonomie m’assurent un confort visuel dans mon bivvy et sa télécommande reste un plus pour l’allumer à distance.

c) Ma lampe Trakker :

Il s’agit d’un véritable projecteur, sa puissance incroyable (1 280 lumens) permet de voir comme en plein jour. Je l’utilise pour la conception de montage d’urgence, mais surtout pour améliorer la qualité des photos de nuit. Tout ce petit matériel indispensable consomme de l’énergie. Je dispose de batteries externes, qui me permettent d’assurer des recharges tout au long de mes sessions.

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Indispensable à la pêche de nuit ce sont les VÊTEMENTS !

Un pêcheur qui a froid et qui est mouillé, ne tiendra pas le choc physiquement et moralement.  Le manque de sommeil nous rend plus frileux ; pour garder le courage de se lever plusieurs fois au cours d’une nuit il est important d’être équipé.

Comme on dit : « il faut protéger ses extrémités », 80% de la chaleur du corps sort par la tête et les pieds. Un bonnet, un protège cou, des chaussettes chaudes et sèches apportent un confort indispensable.
Ajoutez à cela un T shirt en coton et une veste polaire de qualité et vous serez prêt !
Je garde toujours ma veste et mon pantalon de pluie à proximité, en effet, la pluie la journée ce n’est  pas agréable, mais la nuit c’est l’horreur !

Tous ces petits détails vous permettront de rester motivé et éveillé toute la nuit ; n’oubliez pas, nous ne sommes pas là pour dormir !

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3) On passe à l’action

Par action, j’entends pêcher de façon identique de nuit comme de jour, il faut donc pouvoir agir de la même manière en pleine nuit.

a) La prise de repères de nuit

Comme on dit la nuit, on voit moins bien ! La précision est primordiale à mes yeux. La pêche de nuit ce n’est pas lancer ses cannes sur le spot à la tombée de la nuit et ne plus les toucher.

En pleine nuit noire, il faut être en mesure de relancer au même endroit. Pour cela, nous avons deux éléments à prendre en compte : la distance et l’axe.

- La distance : rien de plus simple depuis l’invention des distances sticks. Il suffit de placer ses piquets au sol et de compter le nombre de tours. J’ai découvert qu’un écartement de 5m va encore mieux, c’est plus rapide et surtout très simple de calcul.

- L’axe : Il est certain que nous ne sommes pas toujours face à un clocher, un lampadaire, ou un arbre. Une petite astuce consiste à placer une lampe solaire sur la berge d’en face. La nuit venue vous n’aurez qu’à viser la petite lumière, cela reste discret, peu onéreux et simple d’utilisation. Sur des pêches à courte distance il est aussi possible de placer en face un piquet avec un petit morceau de scotch réfléchissant.

Attention : ne bougez pas ! C’est bien de prendre des distances et des axes, mais pour que cela fonctionne, il est primordial d’avoir systématiquement les pieds au même endroit lors de chaque lancé.

b) On reste actif….

Sur certains lieux, la pêche se passe la nuit et les journées sont très difficiles…  Dans ce cas il faut pêcher de nuit comme en plein jour !
Je pratique de préférence des pêches actives, le but étant de mettre des appâts frais en continu. En pêchant à trois cannes, je m’impose de relancer au moins une canne toutes les 2 heures. Le but étant de faire vivre son spot, et de comprendre au plus vite ce qui fonctionne.

Si je lance mes cannes le soir, sans les retoucher de la nuit, si je suis inactif et que je me réveille le matin sans touche, il est difficile de tirer des conclusions.

Pour la pêche active la nuit, il est préférable de mettre un réveil régulièrement pour réamorcer ou relancer les cannes. 

Si je n’ai pas de touche, je lance systématiquement les cannes, l’une après l’autre, en changeant l’esche, la présentation, ou bien pour remettre un stick frais. Le but est de trouver ce qui fonctionne.

Ce nouveau lancé est aussi l’occasion de varier la distance, et ainsi de toucher autour de l’amorçage. Dans chaque situation, le poisson a une approche différente de l’amorçage, pouvant tourner autour, s’alimenter directement dessus, arriver par la droite, par la gauche. Ainsi si je n’ai pas de touche en plus du changement d’appât, je change la distance.

Par exemple : ma zone d’amorçage étant à  20 tours, je peux cliper à 20 tours, puis relancer 2h plus tard à 21 tours, à 19.5 tours, etc...

Relancer souvent, en variant la distance et la présentation permet de comprendre plus rapidement ce qui se passe sous l’eau et ce que les poissons recherchent.

La nuit est souvent synonyme d’activité et de sauts à répétition. Etre actif, c’est aussi garder les oreilles ouvertes pour prendre note de l’activité et de la localisation de ces dames.

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c) L’amorçage

L’amorçage ou plutôt le rythme d’amorçage peut varier selon l’approche que nous avons. Pour ma part, lors de pêche de nuit je procède de deux manières différentes :

- Massive le soir : cela consiste à mettre une bonne quantité le soir avant la nuit. J’entends par là de redéposer un ou plusieurs seaux de 17L. Le but étant d’amorcer de jour et ne pas avoir à redéposer des appâts avant le lendemain matin. Cette technique est très efficace quand les débuts de nuits sont peu productifs mais que la seconde partie de la nuit et le lever du jour sont très bons.

- En revanche, si les poissons sont actifs en continu, il est bon de procéder sous forme de rappel. C’est-à-dire, devoir amorcer de jour comme de nuit la même quantité, à chaque touche. Par exemple, 15 spombs à chaque touche, peu importe l’heure de la nuit. Si la canne à spomb est clipée, que votre axe est déterminé et que votre zone de lancé est prête, cela devient un jeu d’enfant. Dans ce cas, il est préférable d’avoir réalisé toutes ses préparations de spod mix. Il est très désagréable d’avoir à  refaire des mélanges ou de broyer des bouillettes en pleine nuit.
Préparer vos amorçages vous gagnerez du temps de pêche la nuit !

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N’oubliez pas que dans certains lieux, le spomb est perçu par les poissons comme « la cloche qui annonce le repas ». Il faut donc faire sonner la cloche souvent pour déclencher des touches. Vous l’avez bien compris, la pêche de nuit peut être un véritable calvaire par manque d’organisation. En revanche cela peut devenir une véritable partie de plaisir quand tout se passe à merveille ! 

La nuit tout change, le contexte est différent, les bruits apparaissent, d’autres animaux se réveillent et une nouvelle magie opère.

N’hésitez pas à être éveillés, actifs, et organisés, pour tirer le meilleur de vos parties de pêche. 

Profitez et vivez l’expérience de nuit !

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Alexandre Chat, ambassadeur Cap River