La bordure représente régulièrement la zone la plus délaissée sur nos différents terrains de jeu alors qu’elle s’avère souvent être une zone vraiment très intéressante à pêcher car c’est souvent en ce lieu que la carpe trouve à la fois le gîte et le couvert.

Je trouve assez étonnant de constater que très peu de pêcheurs n’osent déposer leurs lignes en bordure lors de leurs différentes parties de pêche. Lorsque que j’observe les pêcheurs au bord de l’eau, je m’aperçois que la plupart d’entre eux s’obstinent souvent à placer leurs montages à des distances parfois difficiles d’atteintes à la canne en pensant que la majorité des poissons se trouvent sur ces zones. Or il faut bien se rendre à l’évidence que l’abondance des fils tendus à ces distances, créant par la même occasion une sorte de toile d’araignée, va au final plutôt effrayer les carpes qui n’auront d’autres alternatives que de fuir ces secteurs surpêchés. En effet, la plupart du temps la majorité pense que les poissons se situent loin du bord alors que pour des raisons de sécurité, bon nombre de poissons nagent à quelques mètres seulement de la bordure c’est-à-dire là où ces derniers ne se sentent pas sous pression tout en étant certains de ne pas rencontrer nos appâts piégés.

Par conséquent, lorsque vous arrivez sur un plan d’eau, n’hésitez pas à scruter les bordures qui entourent votre poste car c’est parfois à ces endroits précis que votre pêche peut être la meilleure. Les bordures deviennent des zones de sécurité pour les carpes qu’il serait judicieux de tenter d’exploiter au maximum. Dans ce cas, vous pourrez certainement augmenter votre nombre de captures car la pêche de bordure peut souvent être productive surtout si vous trouvez les bons endroits mais aussi si vous utilisez les techniques adaptées pour réussir votre pêche de bordure.

La bordure : un spot à fort potentiel

Lorsque l’on parle de bordure, cela ne signifie pas qu’il suffit de balancer son montage sur n’importe quel type de bordure. En effet, avant de mettre ses lignes à l’eau, il faut bien s’assurer que la bordure possède une bonne quantité de nourriture qui n’aura alors d’autres conséquences que d’attirer à un moment donné de la journée une, voire plusieurs carpes. Pour cela, rien de tel que d’enfiler ses waders et se mettre à l’eau afin de scruter les moindres indices trahissant la présence d’une quantité plus ou moins importante de nourriture.

Mais d’une manière générale, les bordures sont souvent riches en nourriture naturelle et ce grâce aux rayons du soleil qui tapent dans les faibles profondeurs constituant la bordure permettant ainsi le développement de la photosynthèse qui favorise alors l’apparition de nourriture. Les bordures constituent ainsi de véritables garde-manger pour les poissons. En effet, la vie aquatique d’un plan d’eau se situe à environ 80% à proximité des bordures, c’est pourquoi on peut être certain que les carpes ne manqueront pas l’occasion de venir patrouiller non loin du bord afin d’assouvir leurs besoins alimentaires en venant se délecter des diverses offrandes que leur offre Dame nature.

Bien décrypter la bordure

Localiser les bordures intéressantes

Les bordures où les carpes peuvent venir se goinfrer sont nombreuses. Il y a tout d’abord les bordures constituées d’arbres ou de branches immergés, de racines, etc. où l’on trouve souvent des mollusques (moules, escargots, etc.) dont les carpes sont très friandes. Les bordures composées de plantes aquatiques tels que les nénuphars, les roselières, les élodées, potamots, etc. sont également très riches en nutriments, on y trouve des gammares, des insectes, des larves ou autres crustacés dont les carpes ne resteront pas insensibles bien longtemps. Les bordures boisées abritant des arbres à baies ou à fruits secs sont également des zones à ne pas sous-estimer car la nourriture tombant de ces arbres profite souvent aux carpes qui viennent y trouver pitance.

Chaque type de substrat constituant les bordures possède des richesses plus ou moins importantes ; ainsi les fonds durs rocailleux sont des zones abritant de nombreuses écrevisses qui n’auront d’autres alternatives que d’attirer les carpes durant la nuit alors que les bordures à fonds mous vont attirer les carpes qui vont venir fouiller à la recherche de divers invertébrés. Le simple fait d’analyser chaque bordure environnante de votre zone de pêche vous fera gagner un temps précieux afin de vous aider à déterminer où positionner vos montages mais quoi qu’il en soit, une belle bordure est souvent un véritable aimant à carpe mais surtout un poste de premier choix pour tenter d’intercepter des carpes et ce qu’elles soient situées à nos pieds ou sur la berge d’en face.

Des beaux vers de vase ! 

Un maximum de discrétion pour un maximum de résultats

Lorsque l’on souhaite pêcher la bordure située juste devant nos pieds, on se doit d’être le plus discret possible afin de ne pas effrayer les poissons nageant sur cette zone de manière à se donner un maximum de chance pour tenter de les capturer. Lorsque je pêche sur ma bordure, j’opte souvent pour une pêche en solo car à deux voire à plusieurs, le bruit occasionné ne favorise pas la venue de Dame carpe. Ainsi lorsque je pêche avec des amis, la nuit est le seul moment où je place une ligne sur ma bordure lorsque je suis sûr que plus aucune nuisance sonore ne viendra perturber ma berge. Si on veut se donner toutes les chances pour prendre du poisson en bordure, il faut commencer par éviter de claquer les portes de notre véhicule lorsque nous déchargeons notre matériel, de ne pas planter ses piques ou ses sardines avec un marteau sans peine d’occasionner de vibrations sonores entrainant la fuite des poissons pour le peu que ces derniers aient été présent sur la zone lors de notre arrivée. Pour des raisons de discrétion, je préfère reculer mon campement assez loin de mes cannes, cela m’évite ainsi de piétiner ou de faire le moindre bruit avec divers objets ou accessoires que je serai amené à utiliser au cours de la journée.

Toujours dans le même esprit, je préfère couper le son de mes détecteurs et ainsi n’utiliser que le mode vibreur de ma centrale toujours dans le seul but de ne pas faire le moindre bruit lors d’un départ. Je n’hésite pas à reculer mes cannes en retrait sur la berge afin que mes scions ne soient pas positionnés au-dessus de l’eau. Pour ce qui est de ma ligne, je fais toujours attention à bien détendre mon corps de ligne afin que ce dernier se pose naturellement sur le fond et laisse ainsi circuler librement les carpes sur la bordure.

Pour amplifier cette discrétion, je n’hésite pas à utiliser un flying backlead que je place quelques mètres au-dessus de mon montage afin que les derniers décimètres de ma ligne soient vraiment bien plaqués sur le fond. Il m’arrive également lorsque le fond en bordure est uniforme d’utiliser un petit backlead volant afin de mettre toutes les chances de mon côté. Pour les pêches d’extrême bordure, j’évite également de porter des tenues dont la couleur pourrait être facilement perçue par les poissons, c’est pourquoi je porte systématiquement des vêtements de couleurs sombres ou camouflées. En résumé, plus nous restons discrets sur la berge et plus nos chances de captures sont importantes et moins notre pêche est compromise.

Stratégie d’amorçage

Si cela est possible, un amorçage préalable de la bordure que l’on souhaite exploitée donne souvent de meilleurs résultats car cela permet d’habituer les carpes à venir se nourrir en bordure et surtout les mettre en confiance vis-à-vis de nos appâts. Mais cela n’est pas toujours indispensable car en règle générale, les bordures restent des zones souvent visitées par les carpes à un moment donné de la journée. En matière d’amorçage, il ne faut pas hésiter à abuser des petites particules telles que les graines (chènevis, graines pour canaris, etc.), les pellets ou encore les bouillettes émiettées tout en prenant soin de ne pas tomber dans l’excès en termes de quantité. En effet, une quantité suffisante de minuscules particules ne risque pas de gaver rapidement les poissons et va ainsi inciter les poissons à rester longtemps sur la zone amorcée.

Pour obtenir une attraction optimale, n’hésitez pas à effectuer un amorçage de toute la bordure sur plusieurs dizaines de mètres. L’idéal serait de faire un rappel régulier sur toute la zone à peu près toutes les heures de manière à ce que la zone reste attractive durant toute la durée de votre pêche. Cela aura alors pour conséquence de mettre les poissons en confiance car ces derniers seront alors plus préoccupés à glaner chaque particule les unes après les autres augmentant ainsi les chances de les faire venir jusqu’à nos pièges. Pour amplifier l’attraction autour de notre piège, il suffit pour cela de réaliser un amorçage assez léger de quelques bouillettes accompagné d’un simple stick sur le montage.

Lorsque l’on pêche sa propre bordure, l’amorçage ne demande pas l’utilisation de matériel fastidieux pour pouvoir amorcer notre zone de pêche. En effet, la distance de pêche n’excédant pas souvent la dizaine de mètre, une simple pelle avec ou sans manche suffit amplement pour pêcher avec une précision chirurgicale et ce quel que soit les appâts utilisés. Mais la pêche de bordure, c’est aussi pêcher la bordure qui se trouve face à nous mais dans ce cas, on se doit lorsque cela est possible de faire le tour du plan d’eau et d’amorcer depuis la berge. Mais dans certains cas, cela n’est pas toujours possible et l’on se doit alors d’utiliser le matériel adéquat pour réaliser un amorçage de précision. Pour cela on peut utiliser un cobra, une fronde ou encore un bait rocket qui permettent de réaliser notre amorçage sans contrainte mais cela occasionne malheureusement des nuisances sonores qui pourraient faire fuir les poissons. Lorsque la bordure se trouve à une distance hors d’atteinte depuis notre berge, le bateau amorceur rend alors bien des services.

Pelle

Stratégies de pêche

Concernant la mise en place de mes cannes, je privilégie toujours l’utilisation de piques individuels afin de disposer chacune de mes cannes correctement dans l’axe de pêche car suivant la configuration du poste qui parfois peut être assez encombré l’utilisation d’un rod pod peut vite devenir contraignant. Pour mes pêches de bordure, j’opte souvent pour une pêche à deux cannes afin d’éviter de tendre trop de fils sur la même bordure, ce qui aurait pour effet de vite alerter les poissons nageant sur la zone et ce même si les fils sont bien plaqués sur le fond. Le fait de ne pêcher qu’à deux cannes me permet ainsi d’être rapidement en action de pêche et me permet surtout de prendre autant de poissons voire plus que si je pêchais à trois voire quatre cannes.

Pour mes pêches de bordure, je garnis systématiquement mes moulins de fluorocarbone de gros diamètre afin d’assurer un bon plaquage de ma ligne sur le substrat sur lequel elle sera placée. A cela j‘ajoute un anti-emmêleur de couleur discrète selon la nature du substrat, sur lequel je joins un système de fixation de plomb coulissant afin d’améliorer la sensibilité lors de la détection des touches. J’utilise des plombs inlines de faible grammage afin d’éviter de faire du bruit lors de la mise en place de mon montage surtout si je dois m’y prendre à plusieurs fois avant de le mettre à l’endroit exact.

Pour des raisons de discrétion, j’utilise des hameçons de petites tailles et lorsque je pêche des zones à risques j’utilise les mêmes tailles d’hameçons en prenant soin d’en prendre des plus forts de fer au cas où il y aurait besoin de les brider un peu plus. Pour ce qui est des esches utilisées, je pratique souvent avec des appâts de petits diamètres en corrélation avec la taille de mes hameçons.

Traditionnellement, mes montages sont eschés de petites pop-ups fluos, de petites billes denses ou équilibrées sur la même base que mes billes d’amorçage, de maïs plastique ou de tiger. En effet, ces appâts ont toute ma confiance pour les pêches de bordures car ces derniers me permettent de palier à toute éventualité selon la configuration du plan d’eau mais aussi et surtout selon l’humeur des poissons.  

Un beau poisson

Raphaël Trouillet

Ambassadeur Cap River