Adapter son montage à la nature des fonds

Cela fait 24 heures que je pêche et pas la moindre touche, pourtant l’activité est bien visible sur le poste, mais visiblement il y a quelque chose qui cloche. Les questions se succèdent dans mon esprit à un rythme effréné, mais avant de me faire trop de nœuds au cerveau, il va falloir vite revenir aux fondamentaux. C’est-à-dire observer encore mieux et surtout sonder encore plus finement afin de savoir ce qui tapisse le fond des spots que j’exploite. Cela va me permettre de m’adapter au mieux à la nature des fonds et bien sûr utiliser le montage adapté à la physionomie de ceux-ci. Cette fois nous allons descendre sur le fond afin de voir les cas auxquels nous pouvons être confrontés et ainsi proposer le montage adapté.

 

L’observation est un élément essentiel dans la pêche que nous pratiquons, mais pas seulement et je ne cesse de le répéter : le sondage lui aussi apporte sa contribution à la connaissance du substrat sur lequel vont reposer nos montages. Mais il ne faudra pas se contenter de lancer et ramener un plomb avec son marker en cherchant une hypothétique tache de cailloux ou une différence de fond, cela nous fait certes avancer sur la perception du fond, mais par moment cela ne suffit pas et nous pouvons, sans le vouloir, passer à côté d’informations précieuses.

Si la navigation est interdite sur le plan d’eau, il va falloir faire preuve de finesse et sensibilité pour « ressentir » au mieux le fond. En effet, différencier une fine couche de vase molle d’un tapis d’algues requiert pas mal de doigté mais avec la pratique, rassurez-vous, on y arrive plutôt bien. Ici aussi, avec l’expérience que vous allez acquérir au fur et à mesure des pêches, il vous sera de plus en plus simple de « ressentir » les fonds.

Pour nous aider, quand on pêche du bord, il existe toute une panoplie de produits (ou gadgets pour certains !) : cela va du flotteur sondeur avec caméra intégrée, en passant par les échosondeurs qui se lancent et qui vous renvoient une image sur votre smartphone. On trouve également des caméras sous-marines, des drones volants et même des drones sous-marins c’est tout juste incroyable !

Caméra embarquée

Mais, car il y a un mais, pour accéder à toute cette technologie il vous faudra un portefeuille bien rempli. De mon côté, je vous propose de laisser tout cet attirail au magasin en nous concentrant sur des moyens plus simples et classiques qui vont nous aider à déterminer la nature des fonds et ainsi adapter au mieux notre montage pour être sûr que celui-ci est pêchant.

 

Concrètement :

Concrètement, par exemple, si vous pêchez sur une vase un peu molle, votre bas de ligne va s’enfoncer complètement dans celle-ci et sera totalement inopérant. Si vous n’avez pas pris soin de déterminer l’épaisseur du substrat, vous risquez d’attendre les touches très longtemps.

Pour éviter ce genre de problèmes, il va falloir sonder à la canne : celle-ci devra être hyper sensible afin de transmettre à votre main le maximum de sensation sur ce qui se passe au bout de votre ligne. Le moulinet sera garni de tresse : personnellement, j’utilise un diamètre compris entre 15 et 20 centièmes. Cela permet d’atteindre des distances respectables et son absence d’élasticité permet un bon retour d’informations.  Le montage utilisé va également avoir son importance et pas de miracle concernant celui-ci : un plomb adapté, un flotteur pour déterminer la profondeur et le tour est joué.

Cela vous parait simple n’est-ce pas ? Que nenni. Pour être efficace, il va falloir soit prendre un plomb particulier ou en bricoler un : le but est de prendre un modèle avec des excroissance sur le corps. Cela va permettre d’apporter plus de résonnance lors des passages sur le fond, alors si vous ne voulez pas en acheter un, il est simple de s’en bricoler un tout aussi efficace.

Prenez un plomb missile et fixez des vis sur trois ou quatre cotés, ainsi vous pourrez « racler » plus facilement et surtout ramener d’éventuelles herbes ou autres résidus, cela vous permettra d’analyser ce qui repose sur le fond et la présence ou non de nourriture naturelle.

Le but est de lancer sur les spots choisis afin de déterminer ce qui se trouve sur le fond. Il va falloir le faire lentement afin de « lire » au mieux le substrat. Les sensations les plus courantes que vous allez trouver sont :

  • De légers tressautements dans le scion : vous êtes en présence de petits graviers.
  • Des tressautements un peu plus espacés mais avec des arrêts (presque des blocages) : il s’agit de cailloux de taille plus importante avec du graviers entre eux.
  • Des blocages francs nécessitant de tirer fort pour dégager le montage : gagné, ce sont des herbiers.
  • Une sensation de blocage mais qui passe en insistant un peu : certainement une couche d’herbiers moins importante. Dans les deux cas ci-dessus, avec un plomb adapté vous ramenez de l’herbe et avez la réponse.
  • Au lancer/ramené une sensation de collage du montage au fond : vous êtes confronté à une couche de vase molle.
  • Au ramené pas de blocage particulier, ça glisse sans problème : le fond et constitué soit de sable, soit de vase dur.

Une petite astuce pour déterminer l’épaisseur de vase que vous avez en face de vous. Prenez un brin de laine blanche ou autre type de cordelette coton clair, attachez-le au plomb et fixez le plus haut sur le corps de ligne afin d’avoir une longueur de 50 cm disponible. Effectuez un lancer en cloche afin que l’impact du plomb soit le plus à la verticale possible, attendez quelques secondes afin que le plomb touche le fond de la vase, ramenez le tout et vérifiez la trace de salissure sur la laine : cela vous donnera une idée de l’épaisseur de vase molle.

Pour déterminer encore mieux la qualité du substrat, je vous conseille également de faire quelques lancers sans flotteur juste avec un plomb, grâce à cela vous allez mieux ressentir le fond et surtout sentir le plomb, vous saurez si c’est pêchable ou pas.

 

Maintenant on s’adapte

Le but de toutes ces opérations est de savoir quel montage va être utilisé pour piéger les carpes. Malgré ce qu’on aimerait croire, il n’existe pas de montage universel, certains vont être adaptés à bon nombres de situations mais malheureusement pas à toutes : c’est ainsi, il faut l’accepter.

Maintenant que vous avez déterminer ce qui se trouve sur le fond, il va falloir utiliser le montage adéquat pour mettre le maximum de chance de son côté afin de mettre une carpe sur le tapis.

Nous allons prendre de multiples exemples de substrats et mettre en face le terminal qui correspondra le mieux à la situation, bien sûr je ne détiens pas la « science infuse » mais le raisonnement proposé s’appuie sur des situations qu’il m’est arrivé de rencontrer à la pêche et que je pense avoir résolu au vu des résultats obtenus.

Commençons si vous le voulez bien par le cas auquel nous sommes confrontés dans 80 % de nos pêches.

Il s’agit souvent d’un fond uniforme composé soit de sable ou de vase dure sans réelle aspérité ou différence de dénivelé. Sur ceux-ci, je serais tenté de vous dire que tous les montages feront l’affaire, qu’ils soient en tresse ou flurocarbone. Si les lancers doivent être appuyés, il nous sera possible de profiter des avantages du montage combiné sans avoir à le réaliser soi-même et utilisant les tresses gainées. Il suffira de retirer la gaine plastique sur quelques centimètres, nous aurons ainsi l’avantage d’avoir un bas de ligne rigide avec une terminaison souple. Si les fonds ne présentent pas de différence notable, il faudra jouer sur le mimétisme et le camouflage du montage et assurer une zone autour du piège parfaitement « propre » qui n’éveillera pas la méfiance des carpes : il s’agit de la fameuse « safe zone ». Si vous constatez que les poissons sont tatillons il vous est possible de jouer sur la longueur du bas de ligne afin de les piéger. Comme vous pouvez le constater rien de bien compliqué, un montage discret, une esche allégée et le tour est joué. Concentrez-vous sur le placement de la ligne, celui-ci a également son importance et encore plus si le fond est monotone.

Montage presque universel

Un autre cas de figure est celui de la présentation sur du gravier ou des cailloux de taille modeste, vous allez voir cela a son importance. Cette fois, il faudra se méfier des matériaux trop rigides pouvant entrer dans la confection de nos bas de ligne. En effet l’avantage qu’ils nous procurent ailleurs, peut cette fois-ci ruiner la présentation de notre esche (comme vous pouvez le voir sur la photo). Si les cailloux sont gros et que votre montage se positionne mal vous pouvez vous retrouver avec une présentation en « suspension » qui sera inopérante. Dans ce cas précis, il vous faudra privilégier les produits plus souples ou des tresses soft qui se plaqueront bien mieux sur les graviers. Si le fond est composé de cailloux, il vaut mieux se tourner vers les tresses souples qui présenteront beaucoup l’esche, concernant l’appât, privilégiez les pop-ups ou les appâts équilibrés, vous êtes ainsi certain que l’ensemble se pose au mieux. Les matières solubles nous apportent également un surplus de confiance en améliorant la présentation du terminal que ce soit au moyen d’un flocon soluble planté sur l’hameçon, d’un stick enfilé sur le bas de ligne ou du montage tout entier enfermé dans un sac soluble.

Les herbiers sont souvent notre bête noir, mais force est de constater qu’il en faut dans nos rivières et étangs, ils sont source de nourriture et refuge pour la faune aquatique. Pour nous, c’est un challenge car pêcher correctement dans les herbiers est certes compliqué mais pas impossible.

Avant tout, il faut déterminer la hauteur de végétation, cela est primordial mais si la navigation est interdite sur le plan d’eau, ce sera compliqué. Il vous faudra donc « estimer » afin de tomber à peu près juste. Dans ce cas, deux options s’offrent à vous, soit on joue sur la longueur du bas de ligne si la hauteur n’est pas trop importante ou s’il s’agit de mousse verte, mais avec tous les inconvénients que cela peut engendrer comme la détection de la touche par exemple. Ici aussi, l’esche devra être flottante ou équilibrée toujours pour se poser au mieux sur le lit d’herbe ; soit on bascule vers un montage hélicoptère avec un arrêt butoir situé assez loin du plomb pour permettre à l’ensemble esche-hameçon de rester au-dessus des herbiers. Esche équilibrée également de rigueur ou flottante avec un flocon soluble piqué à l’hameçon, pour être sûr que le piquant sera efficace.

Jouez sur la longueur du bas de ligne pour s'adapter Montage hélicoptère
Appâts légers Montage hélicoptère

Si le lit d’herbe est trop important, une autre solution consiste aussi à enfermer le montage dans un sac soluble. Dans ce cas, veillez à ce que le bas de ligne ne soit pas trop long. Mais dans tous les cas, gardez à l’esprit que pêcher directement dans les herbiers ne représente un problème que pour nous, les carpes ne sont nullement dérangées par leur présence. Bien au contraire, ceux-ci leurs apportent le gîte et le couvert, donc n’ayez pas d’appréhension si l’herbe a colonisé votre poste, il existe toujours une solution.

Maintenant, parlons de la vase : celle-ci se « repère » facilement au sondage. En effet, quand vous ramenez votre plomb, vous avez l’impression d’être collé au fond et que c’est très mou. Pour déterminer la profondeur, la combine que je vous ai donnée plus haut (brin de laine blanche) fonctionne très bien, n’hésitez pas également à sentir votre plomb sondeur, cela vous aidera à savoir quelle vase se trouve sur le fond. Si celle-ci est nauséabonde et malodorante, passez votre chemin : les carpes évitent ces zones putrides. Cependant si elle ne « pue » pas, il y a de fortes chances que les carpes viennent faire des banquets de vers de vase dans le coin. D’ailleurs, une zone que les poissons affectionnent particulièrement est la limite entre une vase dure et une molle, j’ai remarqué à plusieurs reprises que les carpes apprécient se nourrir dans ses endroits. Concernant la stratégie de pêche à utiliser, il est préférable de rester sur la surface la plus consistante.

Sentir la vase s'avère très utile

Ici aussi, il vous est possible d’utiliser un montage hélicoptère. Un montage classique pourra faire l’affaire mais la longueur du bas de ligne a son importance. Si vous avez l’habitude de pêcher avec des terminaux courts, vérifiez que l’esche ne se trouvera pas noyée dans la couche molle, le « fameux » chod pourra servir également, mais le principe est et sera toujours le même, c’est de garantir une présentation de l’appât toujours au-dessus du substrat quelle qu’en soit la composition, car même si les sens de la carpe sont aiguisés, cela mettra toujours plus de chances de votre côté.

Pour vous dire que les poissons ne rechignent pas à se nourrir dans la vase, j’ai vu plusieurs fois des carpes se nourrir dans la vase avec la tête « plantée » jusqu’aux branchies, celle-ci devait certainement se gaver de vers de vase et formait carrément des cratères sur le fond à force de chercher frénétiquement les petites friandises rouge sang, donc n’ayez pas de réticences.

 

Conclusion

Comme je le dis souvent, il existe rarement deux situations identiques, donc le maitre mot est adaptation, ne faites pas une confiance aveugle aux informations que vous avez obtenu sur vos terrains de jeux actuel ou futur, vérifiez toujours par vous-même.

Choisir le bon montage n’est pas une chose facile et se dire que celui qui est déjà monté sur les cannes fera l’affaire n’est pas forcément une bonne idée et surtout il ne sera peut-être pas adapté à la situation, donc ne cédez pas à la facilité en vous disant que ça ira. Cette pensée est susceptible de vous faire rater votre session de A à Z.

Gardez à l’esprit une chose simple pour commencer : votre montage doit toujours être facilement accessible pour les poissons, donc les montages proposant un bas de ligne coulissant (montage hélicoptère et chod rig) sont les plus simple à mettre en œuvre, ceux-ci ont l’avantage de se poser délicatement après l’impact du plomb quand vous pêchez dans les herbiers ou la vase.

Ensuite, faites le maximum pour connaitre la constitution des fonds qui se trouvent sur vos différentes zones de pêches et adapter votre montage du mieux possible à la situation qui vous attend et vous verrez une fois les premières réticences passées, il vous sera facile d’adapter votre montage, croyez-en ce que vous faites et la récompense sera au bout.

En voici la preuve

A bientôt au bord de l’eau

Vasco

Ambassadeur Cap River