Des parties de pêche comme celle-ci, on n’en vit pas cinquante dans une vie, j'en arrive même à croire que ça ne se reproduira peut-être jamais...

Quand les rêves les plus fous deviennent réalité le temps de quelques jours, il est vraiment difficile de redescendre sur terre après tant d'émotions. Un mois est passé, l'euphorie a laissé place au calme et je vais enfin tenter de vous faire vivre à travers ces lignes ce que je qualifierai de DREAM SESSION , MA DREAM SESSION


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Il y a 7 ans je découvrais cette jolie gravière du domaine public. 


Sans aucune information en poche, ni sur le cheptel, ni sur la topographie du lac, il me restait tout à construire. Quoi de plus gratifiant que de découvrir, explorer, et bien entendu réussir sur un nouveau site par ses propres moyens, que de glaner ici et là une multitude d'infos toutes cuites, bien souvent erronées et de griller ces étapes rendant si palpitant la traque de nouvelles carpes. Je savais que de jolis sujets peuplaient cette flotte, car dès les premiers repérages, de lourds sauts me firent prendre conscience du potentiel présent. Maintenant il fallait avant tout sonder le plan d'eau pour sélectionner les secteurs intéressants afin de débuter les premiers amorçages et parties de pêche. Ce qui allait suivre ne présageait rien de bon. Après multiples sessions et a.l.t, les résultats restaient bien maigres avec la capture de très peu de poissons aux tailles bien en dessous de mes espérances. Ce n'est que la seconde année où je parvenais enfin à piéger quatres carpes dépassant la quinzaine, mais vraiment rien d'extraordinaire au vue de l'investissement physique, moral et financier de toutes ces sorties et de ce que le lac me cachait intimement. Je poursuivis mes efforts durant deux autres années sans jamais parvenir à sortir mon épingle du jeu. Des journées entières à ratisser les fonds avec la canne marker à chercher la tâche, la petite trouée qui feraient pencher la balance, des séances de spod et cobra à en choper des tendinites, sans pour autant réussir à faire la différence.  Ajouté à ça une pression de pêche qui ne cessait d'augmenter au fil des mois, des histoires et embrouilles avec les pseudos locaux à répétition, je préférais délaisser le lieu au profit de ma tranquillité pour rejoindre des contrées bien plus paisibles. 

Cette saison, un parfum de revanche refit surface.

L'envie de retrouver ce site si mystique était trop grande et il fallait que je retente ma chance une dernière fois.
À ma grande surprise, venant prendre la température sur une petite pêche rapide de journée, il n'y avait personne en action sur les berges. Après avoir placé mes 2 lignes sur des zones marquées, l'attente commençait et au bout de quelques minutes seulement j'apercevais déjà un premier saut au loin. En l'espace de deux heures, pas moins de dix poissons se manifestaient dans une zone du lac que je n'avais jamais trop exploité. Il ne m'en fallait pas plus pour que je passe le cap et que débute une campagne d'amorçage. Le vent du nord soufflant déjà depuis quelques jours, il allait laisser place à un flux de sud-ouest avec 2 belles journées ensoleillées. La température de l'eau encore très chaude pour la période me laissait quand même des doutes sur l'utilisation de bouillettes surtout en eschage car en effet un nombre incalculable d'écrevisses américaines colonisent les fonds et bordures. Après cette première après-midi sans tirée, très peu de coups de pince sur les montages, qui pourtant pêchaient à proximité d'obstacles abritant les fameuses bêtes à pinces. Plutôt bon signe. Je réalisais trois amorçages sur trois soirs consécutifs en décidant de laisser reposer le coup le week end et m'installer en début de semaine, tout en restant le plus discret possible durant les séances de cobra afin de pas attirer d'autres bêtes aux LONGUES pinces si vous voyez ce que je veux dire ... Trois à quatre kilos de bouillettes INDIAN SPICE en 18mm éparpillés sur une large zone dans un premier temps, je resserrais au fil des deux autres jours Pour me retrouver avec deux beaux spots bien distincts où il me suffirait simplement de mettre les couverts.

Dès mon arrivé le jour J, je savais que les choses pouvaient basculer à n'importe quel instant.

À peine le temps de préparer les cannes que deux splashs énormes attirent mon attention. C'est en plein sur le spot. Ni une ni deux les montages rejoignent leurs zones respectives et il ne faudra qu'une petite demi-heure pour qu'une jolie miroir aux couleurs atypiques rejoigne l'épuisette. Il ne m'en fallait pas plus pour que je sois comblé, car sur cette eau, chaque poisson est une victoire et je sais très bien que rien n'est joué d'avance, que celui-ci pourrait bien être le premier comme le dernier. Petite séance photo, relâche de la belle, repose avec petit rappel d'une quinzaine de billes et une fois encore il ne faudra que quelques minutes pour que le delkim brise le silence de nouveau. Encore une miroir un poil plus portante que la précédente. Quelle joie immense de voir ces deux poissons de près en si peu de temps lorsque l'on a vécu des sessions de plusieurs jours sans toucher la moindre paire de barbillons. Bis repetita, la ligne est replacée. S'en suivit une paire d'heure avant qu'une nouvelle cliente vienne animer cette magnifique journée. Cette fois-ci une petite commune se joint à la partie et franchement au-delà du poids ces trois carpes me remplissent de bonheur. Cela annonce du bon pour la suite des événements mais à ce moment précis je ne pouvais imaginer que le meilleur restait à venir, que dis-je, que le rêve allait devenir réalité. 

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Dans l'après-midi, la seconde canne muette jusqu'à l'heure émet un bip puis deux avant de démarrer tout doucement. Je sais qu'à ce moment je tiens peut-être un de ces poissons qui m'ont toujours hanté et après contact plus de doute possible, c'est bien lourd et je ne peux contrer ses rushs puissants. La chance est avec moi, le tracteur auquel je suis attelé prend le large et s'éloigne des 2 obstacles que je redoute tant. Vu que l'utilisation du bateau est strictement interdite, cela serait un échec de tanker dans l'un d'entre eux, perdre la carpe, et que celle-ci en ressorte avec des blessures importantes. Après de longues minutes à reprendre mètre par mètre, la décroche tant redoutée arriva. Rien ne m'est en évidence une défaillance du montage, simplement que le sort en avait décidé autrement. Je suis abattu, seul face à ce lac, imaginant mon rêve s'éloigné. Mais je ne suis pas vaincu et il m'en faudra bien plus pour me faire rendre les armes. 

Quelques heures plus tard

Je partage mes souvenirs tous frais et ma joie avec mes amis Jérôme et Olivier au téléphone qui eux aussi sont au bord de l'eau à l'autre bout de la France. La déconne et les anecdotes vont bon train, bonne humeur comme d'habitude au rendez-vous. Quand soudain la canne ayant produit les trois carpes plus tôt se remet à biper. Dix minutes plus tôt un énorme poisson avait claqué en plein sur le spot, j'espérais de toute mon âme de ne pas gâcher cette nouvelle chance qui s'offrait à moi. Le téléphone vole dans l'herbe, les potos sont toujours en ligne avec le haut-parleur, mes jambes tremblent, tout comme ma voix, je sais que je tiens quelque chose d'imposant. Les minutes sont interminables, le combat me paraît durer des heures quand tout à coup le poisson est là, à quelques mètres de mes pieds, dans la lueur de la lune je la vois monter une fois puis deux, ça y est cette fois c'est elle j'en suis sûr : un poisson aux mensurations démesurées comme j'en croise rarement. Une dernière sueur et yeeeeeeeeeees, elle est dedans !!!!!!!! Essayant de garder mon sang froid, je reprends les collègues en ligne, qu’attendent impatiemment l'issue finale. Nous sommes euphoriques, moi encore bien plus je vous laisse imaginer, car un poisson comme celui-ci sur ce lieu j'en ai rêvé sans jamais pouvoir l'approcher. Pendant que je suis en train de placer la bête dans le tapis de réception le téléphone à l'oreille, les pieds dans l'eau, ce qui devait arriver arriva, PLOUF !
Je récupère rapidement le mobile et décide de tout de suite l'éteindre afin qu'il n'y a pas court-circuit avec l'eau. Le souci c'est que même après l'avoir bien secoué et séché avec les moyens du bord, il ne s'allume plus. Je n'ai pas d'autres alternatives, il faut à tout prix que je rentre chez moi le plus vite possible pour essayer de sauver le portable. Je remballe tout ne laissant que mon bed et matos no kill cachés dans les fourrés ainsi que mon poisson se reposant dans le sac de conversation lui aussi soigneusement dissimulé, et tape l'aller-retour chrono au domicile. Grâce au sèche cheveu et à un kilo de riz sec, une heure plus tard le phone semble réparé et je suis à nouveau sur le poste. Plus de peur que de mal comme on dit. Deux petits sticks, des esches toutes neuves, et zou les pièges étaient déjà replacés. Toute cette adrénaline me tenait éveiller, et je savais très bien que je ne parviendrais pas à croiser le chemin du marchand de sable avec ce trésor qui m'attendait. Situation incroyable, la fameuse canne repartait de plus belle à peine une heure derrière les déposes, encore un combat titanesque pour voir arriver une longue commune massive devant la filoche. Bim bam boum in the net ! Je n'y crois pas mes yeux, ce qui m'arrive est irréel, je ne sais pas si c'est un rêve tellement cette réussite est énorme. Je tiens non pas un poisson d'exception mais deux. Là c'est sûr, je ne dormirai pas. La femme de mon beau-frère est disponible de bonne heure le lendemain et c'est une chance que d'avoir un proche pour partager ces moments fantastiques mais aussi de disposer d'une photographe bien entendu, encore plus avec des poissons de ce gabarit. Avant son arrivée, je commence par réveiller la commune et la fait nager avec le sac pour que la manipulation se passe du mieux possible une fois sur le tapis. Bien trop de fois aujourd'hui je vois encore des poissons sortis en quelques secondes de l'eau après de longues heures à rester au sac, et qui deviennent ingérables dans les tapis de réception. Tout cela peut être évité si l'on prend ces dispositions avant. J'y reviendrais très prochainement à travers un article explicatif que vous retrouverez sur notre page internet dans la rubrique blog. 
Les deux pesées respectives me satellisent sur une autre planète. Surtout celle de la miroir qui va clairement briser mon dos, mes bras et par la même occasion dépoussiérer mon Reuben d'une barre que je n'aurai jamais imaginer dépasser. Je n'ai pas pour habitude de peser ni de comparer les poissons à d'autres animaux mais là clairement c'est un BOEUF !
Nouveau PB en eaux closes sur le public !


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Comme si cela n'était pas suffisant, il allait encore se passer des choses exceptionnelles.

Les deux grandes dames ayant rejoint les abysses dans les meilleures conditions, les deux cannes étaient reposées minutieusement dans l'espoir de retoucher encore un ou plusieurs sujets en bonus. Après un petit déjeuner avec la copine pour la remercier, la sieste était de mise après toutes ces émotions et fatigue accumulées. La canne de la décroche de la veille sonnait les douze coups de midi, et le détecteur en guise de réveil annonçait encore un poisson hors calibre à la vue de la lenteur du départ. À l'identique, la carpe prit le large, usant de sa masse, elle me faisait de grands travers de gauche à droite dans les 6m d'eau sans que je puisse la forcer à se rapprocher de moi. Je savais qu'il ne fallait pas trop brider la furieuse pour ne pas encore perdre ce qui aurait pu être une autre "grosse" du lac. Bien plus près que la fuyarde précédente, je ne vis jamais ces formes malheureusement, et pourtant le plus dur était fait. Plus que les regrets, la satisfaction de simplement décrocher ces poissons à la place d'une casse était grande. Que la belle rejoigne sa cachette sans montage, sans laisse à la bouche me rassure énormément lorsque l'on sait ce que tout ça peut entraîner derrière. Il fallut attendre la fin de l'après-midi pour une nouvelle montée d'adrénaline. Le combat s'éternise, mon corps tout entier tremble comme une feuille morte, je sais qu'il y a une fois de plus une belle cliente à l'autre bout. On serre les fesses et bim c'est dedans ! Je n'y crois pas mes yeux, quelle miroir massive encore. Ça y est c'est clair, je la tiens cette vengeance et mon dieu qu'elle est formidable. Deux couples d'amis qui se promenaient non loin de là passèrent partager un moment de convivialité autour d'un bon verre et ainsi contempler la goulue bicolore piquée quelques minutes auparavant. Il me reste encore 24h de pêche mais qu'importe, le contrat est, comme qui dirait, rempli, loin de toutes mes espérances du début. La tête pleine d'étoiles, les yeux rivés vers le ciel, je me repasse en boucle tous ces souvenirs incroyables qui écriront, c'est certain, une des plus belles pages du livre de ma vie. 

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La nuit est calme, les delkims resteront muets mais je suis convaincu qu'il y a encore quelque chose à tirer de cette caverne d'Ali Baba.

Au petit matin, plusieurs énormes marsouinages se produisent encore sur la zone. Surmotivé comme jamais, je reprépare deux nouveaux montages pour la dernière ligne droite et replace les 2 lignes comme j'aime souvent le dire "aux petits oignons". Et bien je ne m'étais pas trompé, ce ne sera pas une, ni deux mais trois poissons hors normes qui viendront clôturer cette session de la plus belle des manières. Deux carpes miroirs massives et une commune à la morphologie juste parfaite. Plus de 65 kg à elles trois, c'est impensable ce qu'il m'arrive. Bien trop souvent on lit dans les récits que la pêche est compliquée, que les poissons sur tel ou tel lieu sont difficiles à capturer mais je peux vous assurer que sur ce site, bien des pêcheurs s'y sont cassés les dents, moi y compris, même en restant plusieurs semaines en action, rares sont ceux qui sont parvenus à enchaîner plusieurs beaux sujets ou simplement à toucher quelque chose. Cette réussite insolente comme dirait mon ami Djé, je la savoure pleinement car je sais à quel point elle est exceptionnelle. Toucher une dizaine de fishs avec six carpes explosant le peson, en à peine 72h, cela relève tout juste de la chance. Mais quand bien même, cette chance il faut savoir la provoquer et je crois que le timing et mon approche furent au top pour enfin prendre cette revanche que j'attendais depuis tout ce temps. 

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Je remercie de tout mon coeur la bonne étoile qui m'a permis de vivre en toute quiétude ces fabuleux moments sans que personne ne vienne pourrir mon rêve éveillé. 
Des souvenirs gravés à jamais que je souhaite à n'importe quel pêcheur de vivre au moins une fois dans sa vie. Cette session, je te la dédie à toi Tonton Claude alias La Viauce, j'espère que de là-haut tu auras apprécié le spectacle. C'était toi ma bonne étoile j'en suis certain.


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